Le Panneau à Montreuil, épisode 9 : l'affiche "Ils ont osé!"
La semaine d’entre les deux tours d’une élection municipale est courte politiquement. Avec la date limite de dépôt des candidatures 48 heures après la proclamation des résultats du premier tour, les listes ayant obtenu 10% des suffrages exprimés doivent rapidement choisir entre le maintien et les possibles fusions de listes.
C’est ainsi que les listes Bessac/Dufriche-Soilihi ont décidé de fusionner rejoint par le candidat officiel du Parti socialiste, Razzy Hammadi, tandis que celle conduite par Jean-Pierre Brard (« Montreuil j’y crois ») et celle de Mouna Viprey « Elire Montreuil » ont décidé de se maintenir séparément. La candidate de la droite et du centre, Manon Laporte, quant à elle, forte de son bon score n’a pas eu longuement à réfléchir, seul en lice à droite, le second tour est une opportunité, pour elle, d’améliorer son résultat du premier tour.
Une semaine de campagne donc, c’est trop court pour éditer une nouvelle affiche. Et tous les candidats en lice ont fait recoller leurs affiches de campagne.
A ceci près, que l’affiche de Patrice Bessac s’est alourdie de quelques sigles de partis politiques et d’une kyrielle de sigles plus ou moins inconnus par l’électeur non sans rappeler l’affiche publicitaire pour une course automobile.
C’est Jean-Pierre Brard qui a pris l’initiative d’une nouvelle affiche au titre lourd de sens : « Ils ont osé ». L’affiche stigmatise l’accord Bessac/Dufriche-Soilihi/Razzy Hammadi, que l’on voit assis à une table. La photographie est barrée, chapeautée par ce titre « l’alliance Hammadi-Bessac-Dufriche-Soilihi » et légendée : «C’est Voynet qui continue, c’est la politique de Hollande qui s’applique». Au total donc pas moins de 5 noms de personnalités politiques à caractère stigmatisante pour la liste « Montreuil j’y crois » sont citées dans cette affiche. Les trois candidats du premier tour attablé, avec stylo et papier, illustrent à eux seuls les « accords » au sommet, démontrant ici l’incongruité du rapprochement, pire par le « ils ont osé », l’impensable. Illustration pour les auteurs de ce montage (photographie et texte) de la politique politicienne éloignée des préoccupations des électrices et électeurs. Nous sommes ici dans le registre de la dénonciation et de la révélation publique d’un fait que les protagonistes n’ont d’ailleurs pas voulu secret. L’affiche de P. Bessac assume d’ailleurs l’union de ceux qui hier s’affrontaient par voie d’affiches et sur les plateaux de télévisions. A l’intention de l’électeur les auteurs de l’affiche « Ils ont osé » ont ajouté les noms de la maire sortante, Dominique Voynet et du président de la République, François Hollande, auxquels sont associés nos trois protagonistes « surpris » en pleine négociation. La stigmatisation de l’adversaire ou du concurrent jusqu’à la dénonciation du « danger » ou dans ce cas précis « la trahison » qu’il incarne est un procédé souvent utilisé lors des campagnes électorales. Ici, le procédé violent - stigmatiser l'adversaire- participe d’une certaine manière à la dénonciation des « ripoux de la politique », de « l’UMPS » ou il y a quelques temps d’un nécessaire « coup de balai » à donner. Dimanche prochain, les électrices et les électeurs s’exprimeront.